jeudi 10 mai 2012

Sotiris Ninis, le remède grec

Sotiris Ninis se cache sur cette photo.
Saurez-vous le trouver ?
Ces derniers mois, le mot Grèce ne rime pas franchement avec le mot allégresse (merci, merci). Le marasme est palpable, autant au niveau politéconomique que footballistique. La sélection nationale peine à retrouver de vraies couleurs, lΣούπερ Λίγκα Ελλάδα (Soúper Lígka Elláda ou S.L.E, Super Ligue Grèce) est douzième au coefficient UEFA avec, pour couronner le tout, Kevin Mirallas comme meilleur buteur. Rien ne va plus qu'on vous dit.
Sauf du côté du stade Apόstolos Nikolaidis, home of the Panathinaïkos. Là bas, un jeune joueur file la trique au Gate 13 et aux 16620 supporters du club historique athénien. Il les aide à surmonter la pourriture du quotidien à coups d'extér du droit, de petits ponts et d'accélérations façon Valentino Rossi en bout de courbe. Cet homme, c'est Sotiris Ninis (Σωτήρης Νίνης en V.O).

Né en 1990, le numéro 7 du τριφύλλι (trifúlli, trèfle donc) est un pur produit du centre de formation, dans lequel il évolue depuis 2004. Depuis cette date, la progression de ce joueur ressemble fortement à celle d'un certain Steven Gerrard, toutes proportions gardées. Capitaine de presque toutes les équipes de jeunes dont il a fait partie, le petit Sotiris évolue dans un registre qui rappelle celui de son aîné from Liverpool : milieu axial à tendance (très) offensive, pouvant évoluer aussi bien dans l'axe que dans le couloir droit. Avec une frappe de mule sous amphèts, svp.

Doté d'une vision du jeu exceptionnelle pour son âge et capable de changer le rythme d'un match en un clin d'oeil, Ninis va rapidement pointer le bout de ses crampons dans le groupe pro. Il fait sa première apparition avec l'équipe A en Janvier 2007, pour finir la saison avec 14 rencontres et 3 buts à son actif, plus deux matchs de C3.

Dès lors, tout le peuple πράσινοι (prásinoi, vert) croit en l'éclosion de sa future star, qui va mener son équipe vers un titre qui lui échappe depuis 2004. Ou pas. Il va passer la majeure partie de la saison 2007-08 à l'infirmerie, notamment à cause d'une vilaine blessure au tendon d'Achille contractée lors du match inaugural contre l'ennemi juré, l'Olympiakos. Il ne disputera que neuf bouts de matchs entre Août et Décembre, pour ne plus être ensuite appelé par son coach José Peseiro afin de le laisser au repos pour la saison suivante. Ce qui coûtera sa place au portugais. Chienne de vie.

C'est donc un Ninis frais et dispo pour attaquer la saison 2008-09 qui fait connaissance avec Hank ten Cate, son nouvel entraîneur batave. Ce dernier sent bien qu'il tient là une perle rare, et va rapidement avoir une confiance aveugle en son jeune protégé.
Cette année là, Sotiris distille 7 passes décisives à ses potes en 20 matchs de championnat, et dispute 4 matchs de Ligue des Champions, ce qui constitue ses premières apparitions à ce niveau. Il devient même le plus jeune joueur de l'histoire du Pana à porter le brassard de capitaine, à l'âge de 18 ans et 125 jours.
Il sera récompensé à juste titre d'un nouveau contrat de 4 ans avec son club formateur, qui comprend une clause libératoire de 10M€ pour un club hors-Grèce (et 17M€ pour un club du cru, autant dire que le président du club Dimitris Gontigas est tranquille au vu la gueule des finances de ses concurrents).

La cuvée 2009-10 de la S.L.E est celle de la confirmation pour le milieu de terrain. Il dispute 26 matchs, inscrit 3 buts et fait 5 passes dèss. Habile. Encore une fois, le petit prince grec est un grand acteur de la saison des verts qui obtiennent enfin le titre après six longues années de disette, le premier de la collec' de Sotiris. Il réalise même le doublé Coupe-Championnat, lors d'une victoire le schlass entre les dents 1 à 0 contre l'Aris Salonique.
Mais cette saison est surtout celle de l'explosion sur la scène européenne de Ninis. En seizièmes de finale de la C3, le Pana se prend en pleine gueule une AS Roma alors en pleine bourre, deuxième de Serie A derrière l'Inter. Tout le monde se dit que ça va être plus qu'easy pour les ritals (à juste titre, certes). Sauf que non, la faute à qui ?
En deux matchs, Σωτήρης va dégoûter littéralement la Roma de Spalletti, ce avec notre Djib' national. Il fait d'abord un gros match aller, que les grecs remportent 3-2 chez eux, à Apόstolos Nikolaidis. Il en fera un énorme une semaine plus tard, en obtenant un péno que Cissé transformera avec sa finesse légendaire, mais surtout en violant le petit filet droit de Julio Sergio de 25m. 3-2 à l'aller, 2-3 au retour, merci Ninis.

La saison 2010-11 de Sotiris est dans la continuité de ses précédentes. Il dispute 18 rencontres et inscrit 3 buts. Son club, lui, termine à la seconde place de la S.L.E, derrière les coupaings de l'Olympiakos. Rien de bien excitant quoi.

Malheureusement pour lui, l'exercice 2011-12 est bien moins réjouissant. Il se déchire les ligaments du genou avec l'équipe nationale lors d'un match de qualif' pour l'Euro 2012 contre Israël. Heureusement que Wenger n'entraîne pas le Pana, c'était direction le scandale médiatique sinon.
Il est revenu sur les pelouses grecques en mars dernier, et en est aujourd'hui à 8 matchs de S.L.E pour un but inscrit.

Tout ça pour dire que le bestiau est promis à un avenir radieux. Sauf que voilà. Décidément, RIEN ne va plus en Grèce. En Mars dernier, un président d'un club de Serie A en Italie a annoncé avoir signé Sotiris. Cet homme se nomme Tommaso Ghirardi. Comment ça, pas d'Agnelli, de Berlusconi, de Moratti ?
Ce sombre inconnu (à moins que vous ne soyez une bible vivante du Calcio, dans ce cas appelez-moi au 06.83.18.54.90) s'avère être en fait... parmesan. Oui oui. Le père Ghirardi, président du Parma A.C, a annoncé il y a de ça deux mois avoir signé Ninis, moyennant les 10M€ demandés lors de sa prolongation de contrat il y a 4 ans. Alors info ? Intox ? Ça, on ne le verra que dans deux mois, lors de la reprise des championnats européens normaux. Quoi qu'il en soit, à moins que ce ne soit la volonté du joueur de ne pas cramer les étapes, ça ressemble à un bon gros gâchis des familles. Mais les meilleurs joueurs ne sont-ils pas ceux qui persévèrent devant l'adversité ? On le lui souhaite.

En tout cas, tes supporters tous vêtus de vert te disent un grand "ευχαριστώ πολύ Σωτήρης" (efkharistό polí Sotíris, merci beaucoup Sotiris). En te souhaitant une carrière à la Gerrard. Et si c'était lui au final, la solution miracle à la crise grecque ?

Flo David

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